Comment désherber ?
Le désherbage est une opération qui permet de limiter l’augmentation quantitative de la collection et de retirer les contenus obsolètes.
Le désherbage participe à la pertinence et donc à l’attractivité de la collection. Il reste cependant délicat sur le plan symbolique. L’idée de se séparer d’un document reste en effet impensable pour de nombreux usagers et bibliothécaires.
Pourquoi désherber ?
La bibliothèque est le lieu d’accès à des contenus fiables ; elle n’est pas un espace de stockage de documents.
La collection doit donc conserver physiquement une place qui permet tous les usages du lieu.
Le désherbage permet :
- de laisser une place au séjournage, et notamment de dédier de l’espace à ceux qui souhaitent occuper la bibliothèque ;
- de laisser de la place aux nouvelles acquisitions ;
- de retirer les supports dont les contenus ou la forme sont obsolètes ;
- de valoriser des documents ;
- de développer des fonds en adéquation avec les besoins identifiés des habitants ;
- de développer des fonds au-delà des supports traditionnels (comme le prêt d’objets) ;
- de faciliter les projets de déménagement ou de construction.
Comment désherber ?
Les équipes de la Médiathèque départementale de la Loire sont à votre disposition pour vous accompagner sur la méthode de désherbage.
Il convient en premier lieu de déterminer l’organisation collective du désherbage :
- Qui sont les acteurs du désherbage ?
L’ensemble de l’équipe de la bibliothèque, mais aussi les élus, doivent défendre cette pratique face aux incompréhensions possibles de certains citoyens. Un temps de discussion sur les attendus du désherbage est un préalable important pour solidifier l’ensemble de la démarche. Il est souvent nécessaire de rappeler que ce sont des exemplaires qui sont supprimés, et non l’œuvre elle-même ! - Quelle est sa périodicité ?
Le désherbage est une activité régulière. Certaines périodes sont toutefois plus propices pour désherber (temps plus creux en termes de fréquentation par exemple). - Quels sont les circuits de remploi des documents désherbés ?
Plusieurs issues coexistent. Elles sont présentées en détail ci-dessous. - Quels sont les critères pour retirer des documents de la collection ?
- critère physique : le document est abîmé, jauni...;
- critère d’usage : le document n’a pas été emprunté depuis plus de 3 ans ;
- critère de contenu : le document contient des informations fausses, dépassées, ou il est démodé dans sa présentation ;
- critère de redondance : le document existe en un trop grand nombre d’exemplaires, ou plusieurs documents traitent du même sujet avec les mêmes points de vue.
Connaissez-vous la méthode "IOUPI" ?
La méthode dite « IOUPI » est une méthode américaine de révision critique des collections.
Elle a été publiée en langue française par la Bibliothèque Publique d’Information en 1986 et vous apporte une aide dans vos décisions de désherbage.
Elle combine :
- 2 critères d’utilisation : le nombre d’années écoulées depuis la date de parution ou de dépôt légal (l’age limite du livre varie selon le domaine du savoir) et le nombre d’années sans prêt, généralement fixé à 3 ans ;
- 5 critères d’élimination, chaque lettre correspondant à un facteur négatif :
- I : incorrect, fausse information
- O : ordinaire, superficiel, médiocre
- U : usé, détérioré, laid
- P : périmé
- I : inadéquat, ne correspond pas au public
La formule 10/3/IOUPI se lit de la façon suivante :
Tout livre de cet indice :
• qui a plus de 10 ans ;
• dont le dernier prêt remonte à plus de 3 ans ;
• et qui possède un ou plusieurs facteurs IOUPI.
est candidat à l’élimination.
Comment procéder d'un point de vue administratif et pratique ?
Le désherbage nécessite une délibération du conseil municipal, qui autorise la sortie de la collection de documents. La liste annuelle des documents désherbés doit être archivée.
L’autorité territoriale doit être sensibilisée à la nécessité du désherbage, ses objectifs et ses avantages, afin de comprendre et soutenir cette bonne pratique de la politique documentaire.
Côté pratique, il est a minima nécessaire de tamponner les documents en page de titre avec une mention explicite sur la sortie de l’inventaire, et bien sûr de retirer les ouvrages d’un accès public possible sur le logiciel qui gère la collection.
Quel est le destin des documents désherbés ?
Plusieurs solutions coexistent :
- le réemploi des documents en bon état physique et dont les contenus ne sont pas obsolètes est une piste intéressante car elle leur permet une seconde vie. Le réemploi valorise le travail de l’équipe de la bibliothèque, permet de communiquer positivement sur le désherbage et représente des occasions de mobiliser les usagers.
Les possibilités sont nombreuses : organisation d’une vente, dons aux partenaires, alimentation d’une boîte à livres, ateliers créatifs... - la loi Robert modifie le Code de la propriété des personnes publiques et légalise la cession à titre gratuit des documents sans droits associés (films non concernés donc) aux organisations relevant de l’économie sociale et solidaire. Il est donc possible de céder les documents aux entreprises, fondations et associations qui assurent la revente sur le marché de l’occasion. L’occasion, par exemple, d’un partenariat avec la ressourcerie de la commune.
- les documents obsolètes et défraichis ainsi que ceux associés à des droits incessibles (droit de prêt sur les films) doivent être détruits. La sollicitation d'une déchetterie doit permettre le recyclage des matières.
L’ensemble de ces circuits gagne à être précisé dans la délibération autorisant le désherbage des documents.